Quand évoquer une maladie de Crohn ?
- Altération de l'état général : asthénie, anorexie, amaigrissement
- Symptômes digestifs : diarrhée, volontiers glaireuse et sanglante, douleurs abdominales de tout siège possible, syndrome de Koenig (distension abdominale soulagée par un débâcle de gaz/selles), abcès anal, écoulement anal (fistule)
- Rechercher des signes de gravité :
- fièvre, défense : abcès ?
- syndrome occlusif ? (sténose)
- Symptômes articulaires et notamment de spondylarthrite ankylosante : douleurs d'horaire inflammatoire, rachidiennes, du bassin, talalgie
- Symptômes dermatologiques : abcès à répétition (maladie de Verneuil), érythème noueux
- ATCD familiaux de MICI : retrouvés chez 10-25% des personnes atteintes (et de maladies inflammatoires en général)
Majoration par tabac, AINS
Quel bilan faire avant d'orienter chez l'HGE ?
Bilan biologique
- NFS plaquettes
- ionogramme sanguin, créatinine
- CRP
- Albumine, préalbumine, CST, ferritine, B9, B12, 25-OH-vitamine D
- IgA totaux et IgA anti-transglutaminase (pour ne pas méconnaître une maladie coeliaque)
- + coprocultures, parasitologie des selles, recherche de toxines de Clostridium difficile, calprotectine fécale (hors épisode infectieux digestif, remboursée dans 3 indications si prescription HGE ou pédiatre)
Imagerie
- Echographie abdominale en demandant un recherche d'iléite et de colite, d'arguments pour une maladie de Crohn
- +/- Scanner abdomino-pelvien injecté si patient peu échogène ou signes de gravité (syndrome occlusif, fièvre, défense)
| seuil : MICI probable |
| seuil : MICI peu probable mais non éliminée |
Quelle est la place du médecin généraliste dans la suite de la prise en charge ?
- Évoquer l'arrêt du tabac, qui augmente le risque de rémission clinique et endoscopique
- Éviter la prise d'AINS
- Vérifier le planning vaccinal du patient
- Surveillance de l'état nutritionnel, prescription de compléments nutritionnels oraux anti-inflammatoires (Modulen) et traditionnels
- Correction des carences : fer (si mauvaise tolérance : organiser perfusions en HDJ), B9, vitamine D
- Prescription de cures courtes de corticothérapie orale en cas de crise et après élimination d'une origine infectieuse (prélèvements de selles) : budésonide (Entocort) si atteinte iléale seule, solupred si atteinte diffuse ; prescription d'antalgiques, prise d'avis HGE spécialisé
Quelles prises en charges spécialisées (rôle de l'HGE) ?
Au diagnostic
- gastroscopie et iléo-coloscopie avec biopsies indispensables pour le diagnostic
- bilan avant biothérapie
- avis nutritionnel spécialisé
Prise en charge
- mise en route des traitements systémiques (biothérapies, immunosuppresseurs), corticothérapie
- chirurgie digestive : 40 à 70 % des patients devront subir une intervention chirurgicale dans les dix premières années
- prise en charge multidisciplinaire et en RCP en cas de prise en charge complexe
- suivi spécialisé au long cours
- fréquence du suivi : tous les 1 à 5 ans environ en fonction des lésions initiales
Source : SNFGE | AFA, Association François Aupetit