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Les hémorroïdes sont en effet une cause fréquente de manifestations proctologiques, mais c'est loin d'être la seule...
Parmi les autres diagnostics à évoquer, la fissure anale est le plus fréquent. Les symptômes pouvant faire évoquer ces deux diagnostics sont souvent considérés comme peu spécifiques et parfois semblables. Nous allons donc voir dans cet épisode comment simplement, en médecine générale de ville, faire le distinguo entre :
L'examen proctologique est trop souvent non réalisé en médecine de ville, dommage car par un simple examen clinique comprenant interrogatoire et examen anal vous arriverez à faire le diagnostic de 99% des pathologies sans aucun examen complémentaire parfois difficile à obtenir dans les autres spécialités médicales.
Trois questions simples doivent être posées :
Il est commun à la fissure anale et à la maladie hémorroïdaire ; un sang rouge vif, artériel, aléatoire. C’est la manifestation la plus fréquente des hémorroïdes : un saignement isolé, survenant de façon aléatoire, sans autre signe associé est très évocateur de ce diagnostic. L’absence de douleur associée est un argument en faveur des hémorroïdes, alors que la plupart des patients en sont étonnés. Dans la pensée commune, hémorroïdes = douleurs, ce qui est faux ; les hémorroïdes ne font pas mal si elles ne sont pas compliquées (thrombose) même si elles sont volumineuses et prolabées ; dans ce cas, elles sont responsables d’une gêne anale, de suintements désagréables avec un prurit associé, mais pas de douleurs. La douleur doit faire évoquer la fissure.
Comme nous venons de le voir, la douleur hémorroïdaire est associée à la crise hémorroïdaire ou thrombose hémorroïdaire. Le diagnostic en est facile : douleur intense, continue associée à une tuméfaction anale bien visible.
Cette tuméfaction peut permettre de voir le caillot sous-jacent, mais elle peut aussi être œdémateuse sans que le caillot soit visible : cela ne change rien, une tuméfaction hémorroïdaire douloureuse et tendue = thrombose. Les cas les plus typiques se voient souvent en fin de grossesse ou après l’accouchement avec un volumineux prolapsus œdémateux sans caillot visible, mais la douleur intense et le caractère non réductible signent la thrombose, le caillot étant présent en profondeur mais masqué par l’œdème.
Le diagnostic différentiel est représenté par l’abcès anal avec une douleur qui ne cesse de croître.
La douleur fissuraire en revanche est rythmée par la selle. C’est le signe majeur de la fissure. Douleur = fissure est un bien meilleur à priori que douleur = hémorroïdes, ce qui évitera de nombreuses erreurs.
👉🏻 La douleur fissuraire typique est en trois temps : 1) douleur au passage de la selle, 2) suivie d’une pause puis 3) d’une reprise de la douleur.
Mais souvent c’est moins typique et il faut rechercher le caractère déclenchant de la selle, la douleur pouvant parfois n’apparaître que 2-3 heures après la selle.
Elle peut durer 24 heures et paraître continue, mais elle est réactivée par la selle, et l’interrogatoire doit s’acharner à le faire préciser. Ce rythme signe quasiment le diagnostic de fissure.
La sensation de "boule anale" est un motif fréquent de consultation en proctologie. Cela peut correspondre à un prolapsus hémorroïdaire qui se réintègre spontanément ou doit être repoussé après la selle. Cela peut correspondre à des marisques, présentes en permanence, gênantes mais par définition non douloureuses. Cela peut être aussi une thrombose hémorroïdaire externe dont nous avons vu les caractéristiques plus haut. Cela peut aussi être un des éléments péri-fissuraires : en effet, une fissure jeune est une ulcération isolée, mais avec le temps apparaissent deux lésions associées : une marisque ou capuchon de la fissure et une papille hypertrophique au niveau de la ligne pectinée.
Ces trois questions bien précisées, la consultation précisera également l’existence d’une constipation, dont le traitement est essentiel pour toute pathologie proctologique et de signes pouvant faire redouter une lésion colique et justifiant d’autres explorations.
Ainsi, nous retiendrons que toute rectorragie après 50 ans même en présence d'hémorroïdes doit faire réaliser une coloscopie à la recherche d'un adénocarcinome colique.
L’étape suivante est donc l’examen proctologique, redouté par le patient, et qui doit préciser le diagnostic le plus probable évoqué après notre interrogatoire.
Il peut se faire en décubitus latéral gauche ou droit, genoux bien fléchis, position parfois moins désagréable pour le patient que la classique position genu-pectorale.
Même si l’examen proctologique doit faire partie de la démarche diagnostique en MG , il n’est pas toujours aussi évident pour le patient. Il peut être vécu comme dérangeant, voire intrusif ou agressif. Le médecin en blouse (qu’il soit homme ou femme) est symboliquement dominant par rapport à un patient les fesses dénudées, allongé ou à quatre pattes. L’histoire personnelle du patient peut rendre difficile le franchissement de cette frontière physique, même par un médecin. Il est important de prendre en compte ces éléments pour réaliser cet examen dans un climat serein.
Une fois l’interrogatoire fait, comment présenter l’examen clinique ?
Ces étapes permettent de respecter la pudeur et de calmer l'appréhension des patients, cela peut vous garantir un examen dans de bonnes conditions pour une bonne alliance thérapeutique.
Lors de cet examen proctologique, schématiquement, deux cas de figure se présentent le plus souvent :
On peut confirmer la fissure si on retrouve une marisque au pôle postérieur et une douleur élective par un toucher anal prudent, avec la première phalange, qui déclenche une douleur vive lors d’un appui léger au pôle postérieur. Il n’est pas utile d’aller plus loin car le toucher rectal est souvent impossible car trop douloureux.
A ce stade, la distinction entre fissure et hémorroïdes a été faite, même si d’autres situations existent, mais cette démarche permet un diagnostic précis entre ces deux pathologies dans la très grande majorité des cas.
Voilà la partie texte de cet épisode 1 est terminée.
Installez-vous confortablement ☕️ ☕️ ☕️ et visionnez la vidéo du Dr Vincent Pilloy, chirurgien digestif à Nancy, qui vous explique tout cela en détail.
Bonne projection 😉
Rendez-vous après la vidéo pour les QCM !
Pas le temps pour la vidéo ?
C’est pas grave, faites une pause, vous pourrez reprendre plus tard nous mesurons le temps de formation, chacun son rythme !