Démarche diagnostique devant l'arthrose du membre inférieur (coxarthrose, gonarthrose)
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Épisode 2 : Démarche diagnostique dans la gonarthrose



La phrase du jour :

 

« 40 % des arthroses modérées et 60 % des formes évoluées deviendraient symptomatiques » 

La démarche clinique est plus complexe pour le genou. Ce texte comprendra 3 parties 1) Les étapes de l'examen clinique 2) Les examens d'imagerie 3) Les diagnostics différentiels.

1) Les étapes de l'examen clinique

Le polymorphisme clinique (et donc la plus grande complexité) provient du fait que le genou est une articulation complexe, constituée de trois compartiments :

  • fémorotibial médial
  • fémorotibial latéral
  • et fémoropatellaire

Les orientations diagnostiques sont principalement fonction du

  • caractère mécanique ou inflammatoire de la douleur,
  • de la topographie douloureuse
  • et de l’âge du sujet.

Quid de la gonarthrose ? 

Dans la grande majorité des cas, la douleur est le motif principal de consultation. La douleur est mécanique, aggravée par l'effort comme la marche, le port de charges et calmée par le repos. La douleur aggravée par la montée et surtout la descente des escaliers oriente vers une atteinte du compartiment fémoro-patellaire. 

La gonarthrose peut être révélée par un épanchement articulaire, faisant alors discuter toutes les autres étiologies de l'hydarthrose et ponctionner. En cas d’épanchement, l’examen doit être réalisé après évacuation de l'hydarthrose, en effet tant que le caractère mécanique du liquide n’a pas été prouvé, on ne peut pas exclure une autre origine :

  • arthrite inflammatoire, 
  • septique,
  • microcristalline,

L’analyse du liquide comprendra une cytochimie avec recherche de cristaux avec une bactério si le liquide est de formule inflammatoire.

Enfin, la gonarthrose peut être révélée par la découverte d’un kyste poplité ayant engendré une tuméfaction douloureuse du creux poplité et affirmé par l’échographie.

A l'examen clinique, on recherchera un genu varum ou valgum, un épanchement articulaire même minime par la présence d’un choc rotulien.

Il faut aussi apprécier les amplitudes (flessum, limitation de la flexion), la stabilité de l’articulation (tiroirs, laxité latérale) et une éventuelle amyotrophie quadricipitale. La recherche de signes de lésion méniscale (signe de Mac Murray, grinding test), d’un trouble statique des pieds et d’une pathologie de la hanche complète l’examen clinique.

2) Les examens d'imagerie

Les examens de 1ère intention sont : RADIOGRAPHIE GENOU FACE, PROFIL, SCHUSS, INCIDENCE FEMORO-PATELLAIRE BILATERAL ET COMPARATIF 

Le cliché en « schuss » explore la partie postérieure des compartiments fémorotibiaux et permet de détecter des pincements non visibles sur les incidences de face.

La présence d’ostéophyte, même minime, est indispensable pour porter le diagnostic de gonarthrose (cf plus bas critère du Collège américain de rhumatologie).

Le pincement de l’interligne articulaire bien que peu spécifique est le moyen le plus sensible pour suivre l’évolution de la gonarthrose. Vous trouverez ci-dessous 4 clichés de face du genou en charge à 4 stades différents de pincement de l'interligne : 

Radiographie-genou-4-stades-arthrose-dpc-medecine-generale

 

Radiographie de face du genou 👇(Pincement modéré)

Radiographie-genou-face-dpc-gonarthrose

Radiographie de face en Schuss du genou 👇(Sur ce même genou, l'incidence en Schuss retrouve un pincement plus sévère médial car l'arthrose touche la partie postérieure du compartiment fémoro-tibial interne)
Radiographie-genou-schuss-gonarthrose-dpc
Les examens de 2ème intention en l'absence de signes radiologiques d'arthrose seront :
IRM GENOU à la recherche d'une atteinte méniscale, d'une arthrose débutante, d'une prolifération synoviale (synovite villo nodulaire)

👉🏻 Les critères diagnostiques de la gonarthrose du Collège américain de rhumatologie sont les suivants : 

Douleur du genou et ostéophyte radiologique plus au moins un des trois critères suivants =

  1. âge > 50ans
  2. raideur matinale < 30 minutes
  3. craquements lors des mouvements

Il n’y a, à ce jour, aucun marqueur biologique de l’activité de l’arthrose utilisable en pratique quotidienne.

3) Les diagnostics différentiels 

Ils ne se posent qu'en cas de radiographie normale et l'on peut les résumer en 2 grandes situations : 

  1. Douleur mécanique à radiographie normale
  2. Hydarthose avec radiographie normale

Bien entendu douleur à Rx normale doit faire penser à une algodystrophie, l’interrogatoire retrouvera une cause précise (traumatisme, immobilisation).

Devant une douleur mécanique du compartiment interne du genou sans signe radiographique d’arthrose, on suspectera une pathologie dégénérative du ménisque (méniscose). On pourra aussi évoquer une ostéonécrose du condyle interne, plus rarement du plateau tibial, ou une fracture de contrainte du plateau tibial justifiant toutes la réalisation d’une IRM.

Les tendinopathies (quadricipitale, rotulienne, de la patte-d’oie) touchent habituellement des sujets plus jeunes que ceux chez qui on suspecte une gonarthrose.

Dans le cas de l'hydarthrose à Rx normale, il faut absolument ponctionner, analyser le liquide pour rechercher une arthrite septique, inflammatoire ou microcristalline. 

La ponction évacuatrice doit être la plus complète possible, plus il y aura de liquide plus l'analyse sera fine ! 

Si le liquide est mécanique, on évoquera une pathologie méniscale, une chondromatose synoviale, une ostéonécrose ou une ostéochondrite du condyle interne. L’IRM est alors l’examen de choix qui permet d’affirmer le diagnostic dans la grande majorité des cas.

Si le liquide est inflammatoire, on évoquera une arthrite infectieuse, une arthrite microcristalline (goutte ou chondrocalcinose) ou une monoarthrite inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthropathie, en particulier arthrite réactionnelle).

Si le liquide est en faveur d'une hémarthrose, on évoquera une synovite villonodulaire qui sera affirmée par l’IRM et la biopsie synoviale.

Apprendre à ponctionner un genou est très utile en médecine générale tant pour le bilan étiologique d'une hydarthrose que dans les cas d'infiltration de corticoïdes lors d'une poussée congestive douloureuse ! 👍

Pour se repérer dans la conduite à tenir face à un genou douloureux, nous avons créé une formation d'une heure validant aussi votre DPC ici 👇

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Voilà la partie texte de cet épisode 2 est terminée.


Installez-vous confortablement ☕️ ☕️ ☕️ et visionnez la vidéo du Dr Etienne Pénétrat, chirurgien orthopédique à Nancy qui vous explique tout cela en détail.


Bonne projection 😉


Rendez-vous après la vidéo pour les QCM !
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- C’est pas grave, faites une pause, vous pourrez reprendre plus tard nous mesurons le temps de formation, chacun son rythme !