L'ADDICTION : du repérage à la prise en charge en médecine générale.
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Épisode 1 : Comment repérer les troubles liés à l’usage en médecine générale ?



La phrase du jour

 

« Le repérage et la discussion avec le patient de l'usage est CAPITAL en médecine générale » 

 

Nous allons voir dans cet épisode comment repérer les troubles liés à l’usage de substances psychoactives.

Avant cela, nous allons peut être enfoncer des portes ouvertes en redonnant quelques définitions, mais bien connaître la nosologie permet de mieux comprendre la prise en charge.

Allez c'est parti 🚀🚀🚀

 

1) Rappels de quelques définitions :

 

Qu’est ce qu’une drogue ? 

On appelle « drogue » toute substance psychotrope ou psychoactive qui perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience.

 

Quelle est la différence entre drogue et stupéfiants ? 

Le terme "stupéfiant" a une signification juridique : c’est le terme utilisé pour désigner les substances psychoactives interdites, inscrites sur une liste des "stupéfiants". Les produits qui figurent sur cette liste ne représentent pas toutes les "drogues", mais seulement celles qui sont formellement interdites ou dont l’usage est contrôlé : hallucinogènes, amphétamines, cannabis, cocaïne, etc.

 

Quelles sont les modalités de consommations ou d’usage ? 

On considère 2 grandes catégories de consommation ou d’usage =

  1. l’usage simple (ou à faible risque),
  2. le mésusage qui comprend trois catégories :
    1. l’usage à risque,
    2. l’usage nocif,
    3. et l’usage avec dépendance. 

L'usage simple et l’usage à risque représentent les formes d’usage asymptomatiques, pour lesquelles il n’existe pas, ou pas encore, de conséquences manifestes.

Les troubles liés à l’usage, représentés par l’usage nocif et l’usage avec dépendance, correspondent aux formes symptomatiques de l’usage, c’est-à-dire qui se traduisent par des conséquences visibles sur le plan bio-psycho-social.

Le terme bio-psycho-social est très important à retenir car, en matière d’addictologie, ils regroupent l’ensemble des champs dans lesquels vont s’exprimer les conséquences d’un mésusage.

Ainsi, devant un patient, il faut toujours se demander non seulement quelles sont les conséquences médicales (biologiques et psycho-comportementales) mais aussi sociales. 

Les objectifs principaux de la prise en charge du mésusage sont d’éviter l’évolution vers des complications et de réduire les dommages consécutifs à ce comportement, diminuant ainsi la morbi-mortalité.

usage-nocif-usage-a-risque-addiction-mesusage-dpc-medecine-generale

Quelle est la différence entre usage simple et usage à risque : 

La différence entre usage simple et usage à risque repose sur des seuils de quantité définis par l’INCa et Santé Publique 2017.
Pour l’alcool par ex : 10 verres de vins par semaine et pas plus de 2 par jour et pas tous les jours.

Au delà, on parlera d’usage à risque. 

Pour mémoire : 

L’unité de mesure servant à définir les seuils de risque en France sont les verres-standard. Un verre-standard est défini par une quantité d’alcool pur de 10 grammes, correspondant approximativement à 10 cl de vin, à 25 cl de bière à 5 % vol, ou à  3 cl d’alcool à 40 % vol. 

Retenons la formule : 

                                                💎 Quantité (en g) = volume (L) x degré (%) x 8 (densité) 💎

 

2) Qu’est ce qu’une addiction ? 

La définition de l’addiction la plus communément admise aujourd’hui est celle de la DSM V. 

  1. Le produit est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu 
  2.  Il existe un désir persistant ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation du produit 
  3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir le produit, utiliser le produit ou récupérer de leurs effets 
  4. Craving ou une envie intense de consommer le produit 
  5. Utilisation répétée du produit conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison 
  6. Utilisation du produit malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets du produit 
  7. Des activités sociales, occupationnelles ou récréatives importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation du produit 
  8. Utilisation répétée du produit dans des situations où cela peut être physiquement dangereux 
  9. L’utilisation du produit est poursuivie bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par cette substance 
  10. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :

    a. besoin de quantités notablement plus fortes du produit pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré 

    b. effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité du produit

  11. Sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes : 

a. syndrome de sevrage du produit caractérisé (cf diagnostic du syndrome de sevrage du produit)

b. le produit (ou une substance proche) est pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage. 

 

  1. Présence de 2 à 3 critères : ADDICTION LÉGÈRE 
  2. Présence de 4 à 5 critères : ADDICTION MODÉRÉE 
  3. Présence de 6 critères ou plus : ADDICTION SÉVÈRE

 

Quelle est la gravité d'une addiction ? 

On peut utiliser l’acronyme CPIRE pour évaluer les facteurs de gravité d’une addiction : 

  • C = Cumul des addictions 
  • P = Précocité de l’addiction 
  • I = Intensité de l’usage 
  • R = Répétition de l’usage 
  • E = Exclusion liée à l’usage

 

Attention, sévérité de l’addiction n’est pas synonyme de sévérité des complications. 

On peut avoir une addiction sévère à l’alcool sans cirrhose ou une addiction faible mais avec une cirrhose…

Qui dit addiction, ne dit pas forcément substance psycho-active…

En effet, l’addiction peut être secondaire à la consommation de substances psychoactives (alcool, tabac, opiacés, médicaments, etc.), on parle alors dans ce cas de « trouble lié à l'usage de substances psychoactives ».

Mais il existe aussi des « addictions sans substance » ou « addictions comportementales » (jeu de hasard et d'argent, sexe, internet, achats, exercice physique). Les troubles du comportement alimentaire peuvent être considérés comme des addictions comportementales, mais ils seront traités à part du chapitre des addictions dans le référentiel.

addiction-dependance-dpc-medecine-generale

Quels sont les autres éléments à recueillir ? 

Il est important aussi au moment du diagnostic de recueillir :

  • l’âge d’initiation, 
  • les consommations associées (alcool, tabac…),
  • les circonstances d’usage,
  • la quantité, 
  • le nombre de tentative d’arrêt.

 

Pour l’alcool, la notion de quantité peut être retenue grâce à ces chiffres : 

Un verre-standard = 10 g d'alcool

Quantité d'alcool (g) = Volume (L) x 8 x degré (%)

Les 6 mots clés à retenir dans l'addiction : 

                             💎  REPÉRER => ABORDER => ÉVALUER => MOTIVER => TRAITER => ACCOMPAGNER 💎

 

 

3) Comment repérer une addiction ? 

 

Le rôle du médecin généraliste est CAPITAL pour repérer et aborder le sujet des addictions. 

Les patients consultent rarement leur médecin à ce sujet, une majorité de Français ont un médecin traitant et leur rôle est donc capital dans le repérage des usages à risque, nocifs et des addictions.

Le repérage peut être:

  • systématique (au moins une fois par an),
  • ou opportuniste à l’occasion d’un motif de consultation autre : asthénie, trouble de l’humeur, prise de poids mais aussi grossesse, certificat de sport etc …

Ce repérage peut s’effectuer de 2 grandes façons : 

  1. Question directe = Ex : Buvez-vous et souhaitez-vous en parler ? 
  2. Auto-questionnaires =
  • Fagerström pour le tabac
  • AUDIT C et FACE pour l’alcool
  • CAST pour le cannabis
  • ECAB pour les BZD
  • ADOSPA pour les adolescents
  • Questionnaire Jeu pathologique… 

Tous ces questionnaires seront en pièces jointes en annexe de cet épisode pour que vous puissiez les utiliser.

 

4) Quelques éléments clés d'épidémiologie :

 

Nombre-de-consommateurs-de-drogue-en-france

 

evolution-usage-drogues-france

Nous vous conseillons pour votre veille 3 sites officiels:

Le 1er concerne l'usage des drogues en France, il y a un site qui répertorie chaque année ces conduites 👇

Observatoire français des drogues et toxicomanies

Le 2ème est le site du gouvernement 👇

Gouvernement

Le 3ème est celui de l'institut National du Cancer INCa👇notamment pour ses nombreuses plaquettes d'informations à télécharger gratuitement

INCa

 

Annexes

 

DSM-5 Test d'addiction de Binder
DSM-5 Test addiction (PDF 400ko)

 

 

Voilà, la partie texte de cet épisode 1 est terminée.

Installez-vous confortablement ☕️ ☕️ ☕️  et visionnez la vidéo du Pr François PAILLE, médecin addictologue à Nancy, président d'honneur de la société française d'addictologie, qui vous explique tout cela en détail en faisant un focus sur l'alcool.

Bonne projection 😉

Rendez-vous après la vidéo pour les QCM !

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Ce n’est pas grave, faites une pause, vous pourrez reprendre plus tard nous mesurons le temps de formation, chacun son rythme !